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Ravage, de René Barjavel - Un vrai carnage rétrograde et sexiste


Le roman "Ravage" de René Barjavel (écrivain-journaliste considéré comme un des précurseurs de la science-fiction en France) a été publié en 1943.

Quatrième de couverture :

Nous sommes en l'an 2052...

Fils de paysans venus du Sud-Est, de cette unique région de France où l'on cultive encore "à l'air libre", François Deschamps est " monté à Paris " pour y terminer ses études. Il a vingt-deux ans, un solide bon sens et un amour profond de la nature. Aussi se sent-il mal à l'aise dans cette capitale super-mécanisée qui compte vingt-cinq millions d'habitants, où des engins vous permettent de faire le tour de la terre en vingt minutes, où des machines ont remplacé les hommes et où les hommes ne savent plus voir, ni entendre, ni se servir de leurs mains.

Or voici qu'un jour de juin, se produit "la panne". La panne stupide, incroyable : brusquement l'électricité disparaît, laissant cette super-mécanique qu'est devenue l'humanité aussi démunie qu'un bébé et en proie à la panique.

Avec une rare puissance et un humour noir, René Barjavel nous raconte l'histoire de ce cataclysme du XXIe siècle et l'extraordinaire épopée du jeune François Deschamps qui, en compagnie de quelques hommes et de quelques femmes de bonne volonté, va lutter désespérément pour retourner aux sources et retrouver la sagesse de la nature.

Ce premier roman du lauréat du Prix des libraires 1969 fut aussi le premier roman d'anticipation de langue française.

Etant considéré comme un classique du genre, ma curiosité m'a poussée à découvrir "cette fabuleuse histoire". Autant vous dire que j'ai trouvé que cette dystopie portait bien son titre... Elle m'a ravagé le cerveau.

Dès les premiers chapitres j'ai été prise par une colère noire... Mais comme je veux rester objective, je vais essayer de vous lister - tout d'abord (parce que, crois moi René, après tu vas en prendre pour ton grade) - les points positifs de ce livre.

  • Donc, pour commencer, René, je veux bien t'accorder le mérite d'avoir ouvert la voie à la SF en France. Pour ça, je veux bien te donner un bon point. J'espère que tu es content (oui, je sais, il est mort, mais j'aime bien lui parler quand même) (puisqu'il est couic, ça me permet d'avoir toujours le dernier mot en plus) (hi hi hi, niark niark).

  • Tu as également une plume habile et plutôt agréable.

  • Sinon, tu avais du pif. Tu écris ton oeuvre en 1943, et pourtant tu parles déjà de fruits et de légumes qui poussent en dehors de la terre, dans des bacs remplis d'eau et de produits chimiques (on n'est pas très loin de l'hydroponie/ la culture hors sol, de nos jours actuels). Tu fais même référence au réchauffement climatique. Not bad.

  • Enfin, ton histoire est une véritable descente aux enfers proprement effrayante. Les mouvements de foule sont réalistes et tu les décris très bien. Les dernières scènes du périple de François sont cauchemardesques à souhait, et l'on se demande jusqu'où tout ça peut aller, quand ça va s'arrêter... Tu maîtrises joliment cette descente dans l'horreur. Ceci aurait pu rendre cette lecture agréable, j'aurais pu applaudir à deux mains, te porter aux nues, si tu ... tu... tu... smflsjfmlsijgoljrg !

Mon cher René (j'ai un peu l'impression d'être Céline Dion quand je dis ça... :P ), tu m'es sorti par les trous de nez, trèèès rapidement et pour différentes raisons.

  • Ton esprit rétrograde est malheureux. Ta technophobie est ridicule. Non, le retour à la terre, loin de toutes machines, n'est pas la définition du bonheur pour tout le monde. Les machines, les avancées technologiques aident l'Homme dans la vie de tous les jours. Certes, elles nous permettent d'économiser du temps et des efforts physiques, cela ne fait pourtant pas de nous des fainéants, cela nous permet une autre ouverture sur le monde, et nous offre plus de temps pour s'occuper d'autres tâches. Si tu crois, comme tu l'expliques dans ton roman, que la technologie va mener à la déchéance de la société, il me semble que tu te fourvoies. Les machines n'ont jamais été un problème. Elles n'ont pas de conscience propre, aux dernières nouvelles, donc si tu dois accuser quelqu'un, accuse plutôt les hommes qui s'en servent. L'évolution n'est pas un fléau, c'est l'utilisation que l'on en fait. Revenir à une culture moyen-âgeuse, loin de toute technologie, ne règle pas le problème. On a bien compris que tu faisais partie de la team "c'était-mieux-avant", mais je crois que tu devrais avoir un peu plus confiance en l'intelligence des générations à venir, qui cohabiteront en harmonie avec les nouvelles technologies.

  • La société idéale que tu proposes est triste à en mourir. Le "divin" François réclame la destruction des livres. La population n'est plus autorisée à apprendre à lire et écrire. Je te cite :

L'art de l'écriture est réservé à la classe privilégiée des chefs de village. L'écriture permet la spéculation de pensée, le développement des raisonnements, l'envol des théories, la multiplication des erreurs. François tient à ce que son peuple reste attaché aux solides réalités

Tu veux plutôt dire que François tient à ce que son peuple LUI reste attaché, bien soumis. En voilà, une jolie morale, de la part d'un intellectuel !

Trimez pauvres paysans ! Souffrez en votre chair ! Renoncez à la possibilité de vous appuyez sur des machines ! Cultivez la terre pour votre roi/dieu François ! Voilà ce que sont les vraies valeurs ! "Les solides réalités" ! (Christian approuve cette valorisation de la douleur.)

  • Monsieur Barjavel, je pourrais encore vous passer ces écarts, si vous n'ajoutiez pas à tout cela une note de racisme. Vous prenez les africains pour des fous hystériques, des êtres possédés, presque des animaux dans cette scène :

Une grosse femme se mit à trépigner, les bras levés au ciel. Elle glapissait une prière. Elle déchira ses vêtements. Ses seins, comme d'énormes outres à moitié vides, roulaient sur son ventre, d'une hanche à l'autre. Elle se laissa tomber à terre, les cuisses ouvertes, les yeux révulsés, la bouche mousseuse. Elle criait toujours. Son cri perçait le vacarme de la foule. Autour d'elle, l'hystérie gagnait en tourbillon. Hommes, femmes se roulaient sur le sol, lacéraient leurs vêtements, se griffaient le visage, se contractaient et se détendaient en des bonds sauvages. Bientôt la place ne fut plus qu'une mer de corps tordus et grouillants, parmi lesquels les petits enfants innocents jouaient. Une puanteur chaude, odeur mélangée de tous les mucus, montait de ces chairs luisantes.

Cette réaction de joie "modérée" étant dû à une déclaration de guerre. Vous avez une imagination sans limite Monsieur Barjavel. Et votre propos me dégoûte.

  • Pour finir, vous êtes un machiste, un promoteur de la pensée patriarcale. Votre livre est tant imbibé de votre certitude que la femme est inférieure à l'homme, que je ne pourrais citer toutes les horreurs que vous osez écrire. Je vais donc référencer, en vrac, certains éléments qui m'ont donné envie de vous livrer à une bande de loups affamés :

  1. Blanche qui est présentée comme une ridicule, naïve, matérialiste jeune femme sans jugeote. Blanche tourne sur elle-même, Blanche est sensuelle, Blanche est belle, Blanche chante, Blanche rit, Blanche approuve François, Blanche est douce, Blanche veut devenir une star. Lorsque Blanche ose avoir de l'ambition et tente de s'épanouir dans sa carrière de chanteuse, c'est présenté comme scandaleux ! Il est écrit que François ne supporterait pas d'épouser une "femme indépendante de lui", qui ne serait pas "attachée à son foyer, à ses enfants, à son mari". Quand Blanche choisit d'épouser le richissime Seita (qui, LUI, l'encourage dans sa carrière), on justifie son choix par la vénalité. Mais heureusement ! Le preux François lui pardonne et vient la sauver sur son cheval blanc ! (J'exagère à peine, c'est pour vous dire...)

  2. René, vous êtes un obsédé de la virginité. Vous insistez sur celle de Blanche (son nom désigne d'ailleurs la couleur de la pureté). François peint sa dulcinée sur un tableau, à la place de la vierge Marie, la gentille môman prude de Jésus. Et puis, durant cette période d'instabilité ou l'on ne sait, finalement, pas trop ce qui se passe, une étrange maladie se développe, ne touchant que les "pucelles". A mon avis, cette infection sert juste à montrer que Blanche n'a pas perdu sa virginité avec Seita, qu'elle est donc encore pure et digne d'être avec le fabuleux, fantastique, merveilleux François. (LOL)

  3. François caresse les joues des secrétaires, en les appelant "mon petit". Bah oui, t'as raison tiens ! Fais comme chez toi !

  4. Si vous ne croyez pas encore, chers lecteurs, que Barjavel a une vision patriarcale, ne vous inquiétez pas ! De façon très décomplexée, la quatrième et dernière partie du roman s'intitule tout simplement "le patriarche". François après sa gentille Blanche, prend pléthore de nouvelles femmes pour épouses. Il impose la polygamie. Youpi. François est vraiment un homme charmant. Je vous laisse d'ailleurs profiter de cette phrase qui montre bien son estime pour les femmes :

A cent vingt-neuf ans, François vient de remplacer sa septième femme par une fillette de dix-huit ans, qui cinq mois après les noces, a revêtu avec orgueil la robe rouge des femmes enceintes

  1. Vous apprécierez le terme "remplacer" qui ne sous-entend pas du touuuuut que la femme est une sorte de marchandise interchangeable. Et bien évidemment, n'y voyez pas une façon de cantonner la femme à son rôle de "mère", de "ventre reproducteur". Allons mon bon ami ! Ah ah, que vous êtes bête... #ironie

  2. Et que pensez-vous de ce passage délicieux ?

Autant que sa grande sagesse, et la longue et claire vie que Dieu lui a accordée, ce qui a valu au patriarche le respect des populations, c'est que parmi les deux cent vingt-huit enfants nés de ses femmes respectives, il n'a eu qu'une fille. Encore lui est-elle venue alors qu'il avait dépassé cent ans. A cette miraculeuse abondance de mâles, les paysans simples ont reconnu la faveur octroyée par le Ciel à une race de maîtres, et s'en sont réjouis.

  1. Aaaah ce fameux François... Il est décidément parfait. Il a réussi à quasiment ne procréer que des mââââles. Bon, certes, il a eu une fille, mais on lui pardonne, hein, c'était à cause de son grand âge qu'il a commis cette erreur, qu'il a donné vie à cette petite chose fragile et inutile...

Pour conclure cher René, votre vision arriérée est repoussante et ternit nettement vos qualités d'écriture (c'est pourquoi vous me copierez 50 fois "Je dois utiliser la chose étrange qui se trouve dans ma tête et qui se nomme "cerveau"." ). Il est bien dommage de tenir un tel discours. L'époque à laquelle vous avait écrit "Ravage" n'est pas une excuse suffisante - à cette période, d'autres auteurs ont publié de merveilleux romans et qui n'avaient rien de sexiste ou d'offensant pour qui que ce soit, au contraire.

Je vous prie d'agréer mes vomis les plus distingués (dus à la lecture de votre livre). Cordialement. (J'espère que la 3G passe dans votre cimetière, pour que vous puissiez lire ce billet. Bisous bisous René.) Et vous, vous avez lu "Ravage" ?

"Si ce livre était un plat", ce serait une assiette malodorante de choux-de-Bruxelles de la cantine.


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