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Frankenstein ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley


Aaah "Frankenstein"... Si je vous demandais ce que ce nom vous évoque, certains d'entre vous me répondraient certainement: "un gros monstre vert avec des cicatrices et une vis dans le crane". Eh bien les enfants, sachez que cette réponse serait bien loin de la vérité !

En réalité, Frankenstein est un brillant scientifique au doux nom de Victor, entouré par une famille et des amis aimants, qui mène une vie paisible, jusqu'à ce qu'un jour, il décide de faire un gros fuck à la vie, de collectionner des bouts d'humains morts et de les assembler un soir d'orage pour créer une abomination. Voilà, voilà. Sympathique, non ?

Ce charmant Victor Frankenstein donne donc vie à une créature qui, lorsqu'elle se réveille, l'effraie soudain. Mortifié par le résultat de son expérience, il sombre presque dans la folie, tandis que l'étrange créature s'évanouit dans la nature.

Quelques années plus tard, un de ses petits frères est retrouvé étranglé. Victor retourne alors auprès de sa famille, mais sur le chemin il va recroiser son monstre...

J'étais un peu inquiète par cette lecture, craignant que le langage du dix-neuvième siècle ralentisse ma lecture, mais au final, le texte reste très accessible.

Je ne pourrais pas dire que j'ai été transportée par ce roman, il m'a paru parfois long, même si certains thèmes abordés sont passionnants ou poignants. De plus, malgré le fait que l'auteur soit elle-même de sexe féminin, très peu de personnages sont des femmes, et les rares qui le sont, apparaissent de manière très cliché (la douce femme aimante dévouée). On a donc un focus quasi-exclusif sur les mâââles, assez typique de l'époque d'où nous vient cette oeuvre (1818).

Victor Frankenstein m'est rapidement devenu antipathique, et lorsque la narration bascula du point de vue de la créature, ce sentiment s'amplifia. A aucun moment, le récit ne m'est apparu horrifique ou terrifiant, certainement parce que je me suis attachée au personnage du monstre.

Le passage où la créature nous raconte ses errances m'a extrêmement plu, et touché, et c'est ce que je retiendrai de ce livre. J'irai plus loin, en ajoutant même que c'est ce qui donne toute la profondeur au texte, qui devient soudain plus complexe.

Car la question que nous pose au final Mary Shelley, selon moi, est : Qui est le vrai monstre des deux ? Le créateur, ou la créature ? A partir de cette problématique, on pourrait tirer mille et une réflexions, dont certaines sur la religion, mais je ne m'aventurerai pas à les lister, de sorte à ce que vous les découvriez vous-même (et aussi parce que ça serait un peu long, et que oh! Faut pas exagérer ! J'ai une vie imaginaire à mener !)

On assiste donc à la naissance d'un monstre et l'on constate que son destin dépend de l'accueil qu'on lui réservera dans ce monde. Le malheur et la détresse seront ce qui le forgera. Je reste persuadée que le rejet crée des barbares, et qu'il est de notre responsabilité de ne pas exclure des personnes par peur, par préjugés.

Oui, vous me voyez venir. Je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec l'actualité. Plus nous nous liguerons contre des communautés, plus nous serons les auteurs de notre propre souffrance (Et oui Madame Lepen ! Plus vous stigmatisez injustement la communauté musulmane et plus vous risquez de rejeter des citoyens, qui seront tentés par les bras ouverts de Daech).

Si Victor avait été plus brave, plus ouvert, l'histoire aurait été différente. Ou peut-être pas. Mary Shelley ne donne pas vraiment de réponse définitive, peut-être le monstre était-il un excellent manipulateur. Le doute est toujours possible, on n'est même pas certain de ce qu'il advient d'un des deux personnages principaux. Chacun peut choisir, et se forger sa propre opinion.

Même si ça me fait un peu de mal de le dire (parce que je ne peux pas cautionner ses actes cruels, même si je comprends leurs origines), je suis dans la Team Créature (parce que sa douleur a attiré ma compassion). Et puis Frankenstein est à mes yeux, un irresponsable égocentrique, sans cœur. Ses dilemmes m'ont beaucoup moins ému. Et vous ? Team Créature ou Team Créateur ?

En attendant, si vous ne vous sentez pas de vous lancer dans le livre, vous pouvez découvrir son adaptation cinématographique dès aujourd'hui (même si à mon avis, le film prend de larges libertés vis à vis de l'oeuvre originale) ;)

"Si ce livre était un plat", ce serait un sandwich un peu humide (ne me demandez pas pourquoi ! Peut-être parce que c'est ce que mange toujours les scientifiques dans les séries télés... Ou à cause de la salade qui est verte? Comme l'est souvent la peau du monstre lorsqu'il est représenté? :D)