Kamarade : La fin des Romanov, de Abtey, Dusséaux et Goust

Aloha ! ou plutôt Здравствуйте ! (J'en profite, pour une fois que je peux réutiliser mes cours de russe...)
Dans la catégorie "grandes dames historiques", il y en a deux qui me fascinent : Marie-Antoinette (d'ailleurs je vous en avais parlé ici), et la grande duchesse Anastasia Nikolaïevna Romanova.
Pourquoi ? Petit un : alors que toute sa famille a été massacrée, une légende racontait que la petite avait survécu. C'est donc pleiiin de mystères, c'est dramatique et ce serait une histoire folle que la dernière des Romanov soit en vie ! Petit deux : parce que dans le dessin-animée, elle réussit à pécho Dimitri. Et Dimitri, c'est le plus beau. Voilà c'est dit.
Dans ce premier tome de la bande-dessinée de Benoît Abtey, Jean-Baptiste Dusseaux et Mayalen Goust (pour les illustrations), on nous raconte une période charnière en Russie. L'intrigue commence en 1917, alors que la révolution bolchevik n'est plus très loin; dans l'ombre, un certain Staline tire les ficelles pour amener le camarade Lénine au pouvoir. Le peuple grondant, quant à lui, suit un homme valeureux en qui il a confiance : Volodia, notre héro.
Dans cette guerre, Volodia est projeté à droite, à gauche, tandis que son cœur reste toujours au même endroit : entre les mains d'une femme prénommée Ania. Il ne la connait que depuis peu, mais ils éprouvent l'un pour l'autre une passion sincère. Ce qu'il ignore, c'est que cette inconnue rencontrée par hasard, n'est autre que la Grande Duchesse Anastasia. Staline ne va pas tarder à découvrir tous les dessous de cette idylle, et il en tirera salement profit...
Ne vous attendez pas à un récit bien documenté, l'Histoire avec un grand H est remodelée pour donner une histoire avec un petit h, romancée. Je pense que le but des auteurs était de s'approprier le mystère "Anastasia" à leur manière, et d'en faire un jolie conte. L'héroïne est d'ailleurs assez intéressante, avec une personnalité affirmée (et puis elle a des cheveux rouges trop cools *.*).

Les éléments s’enchaînent vite, il vaut mieux avoir quelques bases sur la révolution russe pour ne pas être déboussolé(e), mais en dehors de cela, cette BD est particulièrement savoureuse grâce à ces graphismes.
Les premières pages, seulement en noir, blanc et rouge (une couleur hautement symbolique), sont très efficaces, percutantes. Peu à peu, de nouvelles couleurs pastels s'installent, mais ces trois teintes dominantes ne sont jamais très loin.


Les détails sont parfois d'une extrême finesse ciselée, comme par exemple cette simple estafilade qui m'a fascinée plusieurs secondes :

D'autres cases un peu plus audacieuses m'ont parfois surprise, car je ne m'attendais pas à ce genre de techniques visuelles dans une BD de ce type, comme cette mêlée guerrière, où les corps se croisent, et où les lignes deviennent alors floues :

Sous le crayon de l'illustratrice, l'image semble régulièrement s'effilocher, des traits souples virevoltent dans les cases, librement. Je n'avais pas l'habitude de voir cela, et c'était donc pour moi une découverte intéressante.
C'est pourquoi j'ai hâte de découvrir la suite de cette histoire, de voir où les scénaristes vont nous mener, et de me replonger dans un pays à l'atmosphère particulière, durant une époque envoûtante, car j'ai vraiment aimé ce premier tome et je vous le recommande si vous aimez la Russie et les histoires d'amour !
Désolée, je n'ai pas pu résister...
"Si ce livre était une boisson", ce serait un tchaï accompagné de cigarettes russes !