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Chanson douce, de Leila Slimani - Le Prix Goncourt 2016 qui dérange


Une chanson douce, que me chantait ma maman... En suçant mon pouce, je l'écoutais en m'endormant...

Les enfants de Myriam et Paul ne se réveilleront plus jamais. Ils ont été retrouvé dans leur appartement, morts, leur nourrice près d'eux, un couteau dans la gorge.

Dis comme ça, ce Goncourt 2016 a des airs de prix de Littérature Policière. Pourtant, non, on est bien face à un ouvrage sorti dans la classieuse collection blanche de chez Gallimard.

Car effectivement, il ne s'agit pas d'un polar, pas de mystère, dès les premières pages on connait l'identité de l'assassin : la nourrice, la douce Louise. Après ce chapitre glaçant, Leïla Slimani nous fait remonter dans le passé.

Myriam Massé, après avoir accouché de deux beaux enfants, se sent fatiguée d'être enfermée à la maison avec sa progéniture. Elle rêve de retrouver sa robe d'avocate et avec une des plaidoiries dont elle a le secret, elle convainc son mari de se lancer à la recherche d'une baby-sitter malgré leurs faibles revenus.

Toutefois, ils ne veulent pas confier la prunelle de leurs yeux à n'importe qui. Ils recherchent la nounou qui comblera à la perfection leurs attentes. Et cette perle rare n'est autre que Louise. Une femme au corps frêle, mais à la force surprenante, belle malgré sa faculté à être transparente, douce et perfectionniste.

La nourrice enthousiasme vite le couple, et petit à petit, la famille l'adopte tout à fait. Les enfants se jettent à son cou, elle les emmène faire des promenades, elle leur prépare des repas sains et équilibrés, et elle envoie des photos aux parents dans la journée pour les rassurer. Elle note toutes leurs activités dans un petit carnet. Myriam et Paul se sentent revivre, ils laissent libre court à leurs ambitions professionnels et s'accomplissent pleinement. Quand ils rentrent le soir, les enfants sont disciplinés, et ont le sourire aux lèvres.

Louise est de plus en plus présente, elle arrive plus tôt, repart plus tard. Elle prépare le dîner pour toute la famille et vient même servir le repas lorsqu'il y a des invités. Myriam et Paul ne cessent de chanter ses louanges à qui veut l'entendre. Ils décident même de l'emmener avec eux quand ils partent en vacances.

Louise fait tout. Louise dit oui. Louise fait partie de la famille. Louise quand elle rentre chez elle, est très seule. Louise a un comportement bizarre. Juste un détail qui cloche, de temps en temps. Mais on ferme les yeux, car quel soulagement d'avoir Louise !

Au fil des pages on découvre la vie de cette nourrice rare. Que se cache-t-il derrière cet épais vernis de perfection ? Qui est-elle vraiment ? Comment son sourire, sa douceur, a pu la mener à tuer sauvagement des enfants qu'elle aimait ?

A-t-elle toujours été un monstre ? L'a-t-on poussé à cet extrême ? A qui est la faute ?

Un conseil, ne mettez pas ce livre entre les mains d'une mère cherchant une nouvelle nounou, ça risquerait de lui filer des cauchemars. Personnellement j'ai été fasciné par ce livre coup-de-poing, social, où tout n'est pas clair. Louise est très complexe et reste, même après la fin, plutôt mystérieuse. La perversion humaine est parfois plus intrigante que l'identité d'un meurtrier.

En tout cas, félicitations à Leïla Slimani, 12ème femme à obtenir le Prix Goncourt, depuis sa création en 1903... Hum, hum. Dois-je vraiment exprimer ma lassitude de voir les femmes obtenir si rarement des prix ?

Laissez vous tenter par ce Prix Goncourt, accessible, noir, mais bien écrit avec un rythme savamment géré.

Si ce livre était un plat, ce serait une carcasse de poulet (clin d'oeil à une des scènes les plus glaçantes du livre...).

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