top of page

VOUS N'AUREZ PAS MA HAINE - Un témoignage bouleversant


Ce weekend, je me demandais que lire. Et puis j'ai vu une couverture qui m'attendait depuis des mois. "Vous n'aurez pas ma haine". Lire ce témoignage était mon moyen de me souvenir, aujourd'hui, de toutes ces personnes assassinées il y a un an.

Pas très étonnée, j'ai beaucoup pleuré. Pourtant il n'y a qu'une poignée de pages. 138 pour être précise. J'ai avalé ce bout de vie posé sur papier, en environ une heure. Durant ces quelques minutes, je recense au moins trois moments où mes larmes ont dévalé mes joues sans pouvoir résister.

Pour ceux qui l'ignore, Antoine Leiris, papa d'un petit Melvis, a perdu sa femme qui s'était rendue au concert des Eagles of death metal le 13 novembre dernier. Quelques jours après, il a publié un message bouleversant qui a énormément tourné en France. "Vous n'aurez pas ma haine".

"Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un oeil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus."

Ce livre n'est pas un livre sur les attentats. Ce livre est un livre sur un jeune papa qui perd sa moitié. C'est sa lutte pour que son fils réussisse à conserver un quotidien avec un semblant de normalité. C'est déchirant, mais jamais apitoyant. Antoine Leiris ne cherchait pas la pitié. Très, très, très loin de là. C'est comme si être plaint était pour lui pire, qu'être ignoré.

Le début du roman est marqué par l'absence de la femme disparue. On ne la connait pas encore, elle n'est qu'un visage flou au loin, et on peut à peu près imaginer n'importe quelle victime à sa place, on peut visualiser la réaction de nombreuses familles qui ont du traverser cette horrible nuit, à la place de la sienne.

L'épisode des petits pots des mamans de la crèche marque, celui du doigt entaillé bouleverse.

J'ai eu la sensation que Leiris écrivait plus pour lui-même que pour produire un texte destiné à être lu. Ce qui rend le texte encore plus intime, sans être impudique toutefois. Car l'auteur a une belle plume. Douce, brûlante de larmes, mais curieusement apaisée d'une certaine manière.

C'est à lire, c'est à offrir. Car oui, vous risquez de pleurer, mais ensuite vous aurez très envie d'aimer.

A la fin de ma lecture, les yeux encore rouges, des larmes accrochées aux cils, je me suis jetée dans les bras de mon amoureux à moi.

Sa chaleur et ses bras m'ont rappelé à quel point chaque petit détail de la vie valait la peine d'être célébré.

6 vues0 commentaire
bottom of page