NEVERLAND - Une virée chez Peter Pan par Timothée de Fombelle
A tous les amoureux du Petit Prince, de Peter Pan, à tous les fans des mots poétiques et créatifs, à tous les lecteurs qui ont toujours un enfant caché en eux, ce livre est pour vous.
Ce roman a été pour moi un coup de cœur magistral. Timothée de Fombelle nous offre pour la première fois un livre "pour adulte", et c'est à mes yeux une fulgurante réussite. J'avais lu Le livre de Perle, et sans être totalement renversée, j'avais apprécié la magie des décors et des personnages. Mais là, mon émotion a pris une toute autre dimension.
J'ai déjà pleuré devant des livres comme Vous n'aurez pas ma haine, ou Journal d'un Vampire en pyjama, mais parce que le fond était dur, triste et évoquaient souvent la mort. Cependant aujourd'hui j'ai versé des larmes parce que je retrouvais avec chaleur l'enfant en moi, et parce que le texte magnifique me réchauffait le cœur et réveillait des sensations du passé. Et c'était si beau et bon que mes yeux devenaient des cascades.
Dans ce texte - plutôt court, il faut l'avouer - le narrateur nous promet une chasse à l'enfance. Il souhaite capturer vivant cette entité fuyante, la retrouver par tous les moyens. La traque est poétique, digne de l'imagination d'un enfant qui s'invente des aventures.
Nous voici donc propulsés entre des plaines et des déserts, à flairer des traces, mais surtout des souvenirs. Nous remontons la rivière de notre vie. Les réminiscences se propulsent et ricochent sur les pages, on plonge tantôt dans un passage voué à un dimanche soir en famille, plus tard à des moments de malice joyeuse, ailleurs à des mini-traumatismes qui ont jalonné notre apprentissage de l'existence.
Lire cette oeuvre donne la sensation de renouer avec un passé que l'on avait presque oublié. Des détails nous reviennent et l'on s'y identifie parfaitement (perso, moi aussi je faisais semblant de dormir à la fin d'un trajet en voiture quand j'étais petite, pour avoir le privilège d'être portée jusqu'à mon lit, et même si personne n'y croyait, c'était un délice qui me remplissait de joie).
Peu de personnages sont présents, le narrateur et son enfant casse-cou enfoui dans les méandres de sa personnalité occupent quasiment toute la place. Parents et frères et sœurs ne sont même pas nommés, surement pour que chacun puisse s'identifier et combler les trous par leur prénom. Mais un autre membre de la famille a une place privilégiée. C'est celui qui permet à l'enfant d'amorcer son passage vers l'âge adulte; le grand-père.
Je ne saurais expliquer par quel biais une si grande tendresse transpire des paragraphes consacrés à ce papy et à cette mamie. Cela m'a beaucoup touchée, cet hommage latent à cet homme que l'auteur semble avoir beaucoup aimé. La magie doit être dans les détails, les petits recoins des phrases qui respirent de sincérité, d'émotions.
Il est possible, que j'ai été profondément marquée par cette lecture, car ces souvenirs avec ce grand-père m'ont rappelé les jours passés auprès du mien décédé il n'y a que quelques semaines. Mon grand-père m'a offert le goût des mots, la capacité à dire les choses importantes à ceux que j'aime en les aplatissant tendrement sur une feuille, il m'a donné la plus belle de mes forces qui m'a sauvée certains jours : la faculté de transformer les douleurs en phrases. Il me manque presque chaque jour depuis son départ, et j'ai eu le sentiment de le retrouver en lisant Neverland.
A toi mon papy qui m'a donné tant d'amour, qui n'a jamais laissé quelqu'un dire le moindre mal de tes petits enfants, qui a fait grandir joyeusement l'enfant qui était en moi, je te promets de mêler ton talent à manier les images de papier, à dire les plus belles choses avec simplicité, à mes histoires, pour que jamais ta parole ne meure.
Et après cette touche très très personnelle, je vous invite à prendre votre porte-monnaie, à aller en librairie, et à acheter ce livre qui est très précieux.