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LA BELLE SAUVAGE - La genèse d'A la Croisée des Mondes de Pullman


Difficile pour moi de parler de La Belle Sauvage, premier tome de La Trilogie de la Poussière, sans parler de la saga initiale. A la Croisée des Mondes de Pullman, même si on ne l'a pas lu, on en a déjà forcément entendu parler (peut-être en tombant sur l'adaptation cinématographique pas très réussie d'il y a quelques années, qui bénéficiait pourtant d'un beau casting ?).

Si A la Croisée des Mondes est si connu, c'est parce qu'il fait partie des premiers livres jeunesses transgénérationnels avec notre ami Harry Potter - comprenez par là que les adultes ce sont mis à piquer les livres de leurs enfants alors qu'avant, c'était souvent les adolescents qui empruntaient les livres de leurs parents, quand on parlait de livres pour tous les âges.

Étonnamment, ce n'est pas la trilogie de ma jeunesse qui m'a le plus marqué. C'est même par dépit que je l'ai lu il y a des années, puisque j'avais épuisé les ressources de la bibliothèque municipale de notre petite ville. Mais je n'avais pas passé un mauvais moment, loin de là ! Sinon je ne serais pas venue à bout des trois tomes.

Non, ce qui m'avait surtout refroidi, était certainement ce qui avait fait son succès : sa complexité. Quand vous lisez A la Croisée des Mondes, vous avez un surprenant mélange de roman jeunesse où le merveilleux pointe le bout de son nez, où les pensées de la jeune héroïne sont bien croquées et cohérentes, avec des théories scientifiques poussées pas évidentes à comprendre. Et quand j'étais jeune, que des éléments puissent m'échapper, était un élément très frustrant !

On m'expliquait quelque chose, je voyais bien que ça tenait debout, mais j'étais souvent dépassée, alors que j'étais loin d'être bête. Toutefois, il y avait de nombreuses intrigues bien menées, des personnages profonds, une fin qui m'avait marquée, et une pensée anticléricale qui me plaisait bien déjà à l'époque.

Alors très honnêtement, je m'attendais à plus apprécier cette nouvelle saga, étant devenue adulte. Pourtant ma lecture a été mitigée, et je lui ai retrouvée parfois les mêmes défauts.

Pour commencer, j'étais assez satisfaite de découvrir un nouveau personnage, parce que Lyra et moi, en plus, ça ne l'avait pas trop fait, elle avait tendance à m'agacer. Ici, dans ce nouvel opus qui se situe avant A la Croisée des Mondes, on rencontre Malcolm qui vit avec ses parents dans une auberge au doux nom de La Truite. Ça fait rêver, non ? Ouais, bon c'était peut être pas des rois du marketing ses parents à Malcolm, hein...

De cette bâtisse, où se côtoient d'étranges visiteurs et des paons, on peut apercevoir le prieuré de Godstow. Ses bonnes sœurs y accueillent toujours notre petit héros avec bonheur, lors de ses visites quotidiennes. Mais elles vont devoir également accorder l'asile à une nouvelle jeune occupante. Un nourrisson plus précisément. Son prénom ? Lyra. Ça vous dit quelque chose ?

Seulement, de nombreux personnages sont à la recherche de la petite, car une étrange prophétie est en train de se répandre dans des cercles fermés, c'est donc à qui mettra la main dessus en premier ! Mais Malcolm veille avec son daemon, et avec l'aide inattendue d'Alice, la jeune aide cuisinière de La Truite, il va se voir confier une périlleuse mission, alors que sa ville est touchée par une inondation sans précédent.

Sur sa barque, La Belle Sauvage, ils devront échapper à l'horrible Bonneville, qui réveillera tous vos cauchemars d'enfant... Pour vous donner une idée, son daemon c'est une hyène à trois pâtes qui passe son temps à se mordiller son moignon constamment ensanglanté du coup. Miam.

Je ne peux pas dire que j'ai été déçue, dans le sens où l'on retrouve bien l'univers de Pullman. Les personnages connus se mêlent aux nouvelles têtes qui amènent leur lot de fraîcheur. D'ailleurs j'ai beaucoup aimé le héros cette fois-ci ! Malcolm est un petit garçon de onze ans doté de beaucoup de qualités, mais qui n'est pour autant pas parfait, et Pullman n'a pas oublié de le rendre réaliste. Le moment où il craque m'a touché notamment.

Le grand méchant de ce tome, Bonneville, est également plein de subtilités qui m'ont intriguées. Si parfois il m'a terrifiée et m'a donnée l'impression d'être observée la nuit, il a également des penchants cachés qui donnent envie d'en savoir plus sur lui.

Et puis l'idée de l'inondation est audacieuse. Réussir à faire tenir tout un roman de 530 pages dans un canoë sur l'eau, il faut le faire ! Et finalement, ça se passe plutôt bien. Donc pour ça, chapeau bas !

Venons-en alors à ce qui ne m'a pas forcément emballée. A nouveau, des théories scientifiques sont évoquées, et à nouveau j'ai trouvé que l'auteur ne les avait pas rendu assez accessibles (je me demande bien comment Malcolm a pu les assimiler aussi vite quant à lui). Ça se sent, que c'est bigrement intelligent, pourtant, je n'arrive pas à en saisir la totalité même en essayant de me concentrer.

Sinon, la fin m'a semblé être une série de remplissages épisodiques pas toujours bourrés d'intérêts. Le merveilleux vient clairement faire irruption, et c'est... presque maladroit. J'ai finalement préféré les côtés "réalistes" aux côtés "magiques" dont je suis d'habitude si friande.

Concernant le rythme, il est toujours un peu lent, mais c'est la plume de Pullman qui veut cela, rappelant parfois les vieux contes pour enfant.

Pour conclure, une fois dans ma lecture, j'étais dans un univers complexe plein d'imagination, et qu'on sent assez bien pensé. Il peut y avoir plusieurs degrés de lecture, et j'aime toujours autant cette remise en question de l'extrémisme religieux qui peut même prendre le visage magnifique de Mme Coulter. Il y a beaucoup de talent dans l'écriture de Pullman, mais je regrette de ne pouvoir le savourer dans toute sa splendeur.

Malgré ce petit manque d'enthousiasme, je lirai les prochains tomes (apparemment le prochain fera un gros bond dans le temps, et on retrouvera Lyra en jeune femme !), car une fois fini, j'ai l'impression d'avoir lu un livre qu'il était tout de même nécessaire de connaître.

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