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LES SEIGNEURS DE BOHEN


J'ai bloqué 1 mois et demi sur le roman "Les seigneurs de Bohen" et je vais vous expliquer pourquoi...


D'abord, il faut reconnaître que la période de confinement ne m'a pas aidée à réduire ma PAL. Je ne me suis pas facilement posée avec un livre entre les mains. Ensuite, j'ai eu le sentiment que les seigneurs de Bohen était un roman morcelé où je découvrais des scènes agréables mais qui n'étaient pas reliées entre elles, de nouveaux lieux très bien dépeints, des personnages uniques, mais pas un livre avec une seule action prenante qui m'aurait empêchée de le reposer.


Pour vous résumer le concept, ce one-shot de fantasy (frrrrançaise ! cocorico!) nous raconte l'effondrement d'un Empire. C'est cette accroche simple mais pleine de promesses qui m'avait convaincue d'acheter ce roman au salon des Imaginales il y a déjà 3 ans. Au fil des chapitres, on rencontre les différents protagonistes qui prendront part à la fin de l'Empire, à savoir un mercenaire à qui on a implanté l'esprit d'un autre homme dans le crâne, une sorcière de sel prête à tout pour sauver son village des mystérieux Vaisseaux Noirs qui menacent d'accoster, un aristocrate déchu qui dans son malheur va découvrir les attraits d'une magie interdite, ou une jeune couturière sur le point de prendre une place majeure dans un combat à venir.


Vous l'aurez compris, il s'agit donc d'un roman aux multiples personnages, et donc aux multiples intrigues. Ce qui m'a manqué, c'est un fil conducteur qui les aurait en quelque sorte relié depuis le début. Je ne voyais pas le but de l'histoire - je savais que j'allais assister au délitement de tout un système mais au départ, j'ai eu du mal à m'y intéresser car je ne prenais pas encore parti. Pour ou contre cette chute ? Dans le fond, je n'étais pas impliquée émotionnellement et il m'a fallu plus d'une très grosse moitié du roman pour y arriver.


Ce que je dois soulever par contre, en dehors de la gestion de l'intrigue, c'est la plume d'Estelle Faye, riche d'images, fluide, vite efficace. Son imaginaire est très vivant et les parties descriptives étaient probablement mes préférées. J'imaginais très bien les décors et les ambiances qu'elle dépeignait.


J'ai également beaucoup apprécié le personnage de Sorenz qui m'a intriguée tout de suite. Si je me suis accrochée au début à ma lecture, je crois que c'est un peu grâce à lui. Ses différentes facettes étaient un mystère à percer et j'ai adoré découvrir un profil aussi unique !

[SPOIL : Autre gros point positif de ce personnage c'est le développement qu'il permet chez l'un des héros, Saint-Etoile, puisqu'il amène ce stéréotype du mercenaire patibulaire à n'exister quasiment uniquement que sous un angle romantique. Novateur et original !]


Les seigneurs de Bohen est donc un roman aux nombreuses qualités avec un univers riche, des personnages marquants, mais qui a, selon mes goûts personnels, manqué de liant pour être un coup de cœur. Je n'ai pas non plus saisi l'intérêt de l'ajout d'une narratrice (pourquoi elle ? Je l'ai plus vu comme un personnage secondaire et à la fin je me suis dit "au final, pourquoi cette personne précise m'a raconté cette histoire-là ? Était-elle vraiment importante pour elle ? Je ne le sais même pas puisque je ne sais pas ce qu'elle devient ensuite !") et je déplore l'explication de l'incipit qui m'a donné une sensation de pétard mouillé. L'une des scènes qui se doit d'être l'une des plus accrocheuses se retrouvent être anecdotique (je pense avoir saisi le message que cherchait à faire passer l'autrice à ce moment-là, mais en réalité je me suis sentie un peu trahie dans le contrat implicite que cette scène suscitait). Et puis reste une question en suspend : pourquoi Morde ? Pourquoi se retrouve-t-il implanté dans Saint-Etoile ?


Bref, je me montre certainement trop exigeante, mais c'est parce que ce texte m'a frustrée : il me semble évident que Estelle Faye a un très grand potentiel de conteuse, mais ces quelques éléments ont parasité mon plaisir.


Je conseillerai donc ce livre aux amateurs de fantasy adulte, ceux qui rêvent de lointains rivages et qui aiment visiter des univers sombres comme grandioses, des terres inconnues où pullulent mercenaires, morguennes, goules ou princesses, mais qui ne cherchent pas forcément un page-turner.

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