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MERS MORTES


Je vais peut-être en surprendre certains, mais je n'ai pas été conquise à 100% par Mers mortes. Je dois même dire que les 200 premières pages m'ont semblé creuses. Le concept fort de l'histoire semblait dépasser l'intrigue en elle-même... Dans ce roman d'Aurélie Wellenstein, les mers et les océans ont disparu. Les animaux marins qui les peuplaient sont depuis revenus hanter les humains pour se venger, dévorant leur âme. Oural est un exorciste ce qui fait de lui l'un des seuls à pouvoir protéger ses semblables de ces marées de spectres carnassiers. Malheureusement, il se retrouve embarqué de force par des pirates qui se disent investis par une mission quasi-divine, l'éloignant de son bastion et des rescapés qui dépendaient de lui. Tous les compteurs étaient au vert pour moi. Roman de fantasy ? Check. Un roman classé YA avec une bonne dose de noirceur ? Check. Une morale écologiste et animaliste ? Check. Pourtant comme je le disais plus haut, les 2 premiers tiers du roman m'ont paru inutiles. En dehors du personnage de Bengale, capitaine énigmatique des pirates, je n'ai pas été très intéressée par les protagonistes qui étaient sous-développés à mon goût. J'ai eu l'impression que l'autrice s'était laissée convaincre d'écrire cette histoire uniquement pour son concept et son dénouement. Car tout le centre du roman m'a paru n'être qu'une succession de péripéties manquant de panache, dans l'attente d'un événement décisif. Et quel événement! La fin réussit, à mes yeux, à sauver tout le roman. Puissante et marquante, elle conclue très bien cette petite épopée. Et elle a un vrai sens, ce qui n'est pas toujours le cas dans d'autres romans ! C'est vraiment cela qui a fait basculer mon avis sur Mers Mortes. J'ai compris où voulait en venir l'autrice. Je déplore juste ce ventre mou entre l'installation de l'intrigue et cette fin assez grandiose. J'ai également été frustrée car je suis habituée à de la fantasy pour "adultes" et j'avais le sentiment que certains axes auraient été plus profonds si l'autrice s'était laissée aller à "dépasser les limites de la jeunesse". Je pense notamment à la relation d'emprise de Bengale sur son équipage, qui aurait pu avoir un côté totalement discutable. J'aurais voulu plus de sordide, plus de noirceur, et globalement aller plus au fond des choses. J'avais l'impression que l'on restait seulement en surface alors que l'on aurait pu explorer des abysses (ouais, je n'ai pas pu résister à m'amuser avec des métaphores marines, c'est l'occasion où jamais :D). Enfin attention. J'ai un dernier point à soulever qui m'a vraiment posé question, mais il va falloir que je révèle des éléments importants de l'intrigue.

Donc attention aux SPOILERS. Oural et son ravisseur entament une relation rapidement ambiguë et, selon moi, clairement homosexuelle. Mais j'ai eu l'impression que cette relation n'était jamais assumée ouvertement. On le comprend, les faits sont là, mais lorsqu'on en a des preuves directes, l'autrice se contente de phrases extrêmement expéditives du style "Ils s'embrassent". Point. On passe à autre chose. Sur la bouche, sur la joue, langoureusement ? Bengale déclare pourtant à son prisonnier qu'il "le veut". Il semble passionné lorsqu'il le lui avoue ! Mais pourtant lorsque les deux garçons se touchent, j'ai eu l'impression d'une montée en puissance de pudeur. Juste des phrases laconiques et expéditives quand on aurait pu avoir des feux d'artifice. Ce qui m'interroge, c'est qu'Aurélie Wellenstein n'a pas l'air d'être réservée dans son écriture, on a même une scène de masturbation dans ce roman, alors pourquoi cette frugalité face à la relation Oural-Bengale ? Il y avait pourtant une place pour une romance aboutie dans ce titre, et encore une fois, j'ai été frustrée par son développement. FIN DU SPOILER

Voilà, j'ai été un peu critique sur ce livre, certainement parce que j'en avais trop entendu parler et que j'en attendais plus. Pourtant, il a des qualités indéniables et il plaira certainement à de nombreux lecteurs (en particulier ceux versés dans la young litt).Je ne l'ai pas trouvé "trash" ou vraiment "violent" en dehors des scènes repoussantes où l'on assiste au massacre de la faune marine. Il se lit rapidement et on s'imagine assez facilement les scènes que nous décrit l'autrice en peu de mots. En gros, ça n'a pas vraiment fonctionné avec moi, mais on est tous différent, alors ce pourrait être un coup de coeur pour vous ! Si vous l'avez lu, je suis en tout cas très curieuse de connaître votre avis sur la relation Oural-Bengale qui est vraiment un point d'interrogation de mon côté, alors que c'est à mon sens elle qui porte le roman ! Par contre si vous utilisez des spoilers, signalez-les avant. ;)

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